Il ne faut pas voir les processus comme des mécanismes automatiques post 15M. La Marea provient d’une longue histoire, de la ville de La Corogne qui dispose de sa propre histoire et d’un héritage de luttes sous le franquisme, de gens fiers de leur langue et de leur propre culture. Nous ne sommes pas apparus de nulle part. Le contexte de la crise sociale a provoqué un processus constituant mais la crise était une crise structurelle qui mettait en relief l’épuisement du régime de transition, c’est-à-dire de la période de passage de la dictature franquiste à la monarchie parlementaire avec ses nombreuses imperfections : monarchie, non reconnaissance de la plurinationalité de l’Etat, etc. La crise du régime fut brutale. Le 15M a été la mise en scène de cet épuisement. Le 15M a favorisé l’incorporation de milliers de personnes qui étaient indignées à la vie sociale et à l’activisme politique. En Galice, notre territoire, avant l’apparition de Podemos aux européennes de 2014, il y eut déjà plusieurs votes de contestation qui se sont manifestés aux élections autonomes de 2012.
La Marea regroupe plusieurs courants : les gens qui se sont activés grâce au 15M, des activistes liés aux mouvements sociaux de différent type : radios communautaires, collectifs écologiques, syndicats et un troisième courant composé par des militants de partis de gauche. La participation de ces derniers a été principalement le produit de la réussite et de l’attrait des plateformes. A un moment, ils se sont intégrés car il n’y avait plus d’espace étant séparés. La Marea atlantique n’est pas la transposition de Podemos à l’espace municipal. Nous sommes d’accord sur plusieurs aspects. Il était impossible de transférer la proposition de Podemos à La Corogne pour plusieurs raisons : il n’y avait aucune structure ni organisation préalable, les plateformes municipalistes répondent à des sentiments propres locaux profondément enracinés dans nos mouvements, d’ailleurs c’est la première fois que l’on a un maire qui parle galicien par exemple.
La Marea est la concrétisation de 4 hypothèses :
Une hypothèse historique où La Corogne se reflète comme une ville populaire et libertaire
Sociale et politique, puisque la citoyenneté a besoin d’un instrument pour aller au-delà de l’activisme social pour atteindre les institutions
Politico électorale : le fait que les partis de gauche n’ont pas été capables de projeter cette volonté de changement
Et, finalement, une hypothèse de volonté, puisque pour la première fois on entrevoyait que l’on pouvait gagner et depuis le début on y croyait
Cela s’est concrétisé par une série d’instruments et de marches à suivre pour réaliser le projet politique : un code éthique qui oblige tous les membres de la Marea à le respecter (ne pas pouvoir faire partie d’entreprises, plafonds des salaires, etc.), le développement d’un programme participatif où participe la citoyenneté et qui se met en place à partir d’instruments en ligne, d’actions dans les places, de processus de primaires ouvertes puisque les confluences ne sont pas des coalitions de partis, et où on ne répartit pas des quotas mais où les gens participent à titre individuel, et ainsi s’est formé le groupe de gouvernement. A partir de cet instrument, une campagne autofinancée a été mise en place dirigée contre les pouvoirs factices de La Corogne, mobilisatrice et réjouissante pour projeter la pulsion née depuis le 15M. Une campagne d’activistes citoyens.
Les difficultés à l’heure de diriger une ville passent par les problèmes de gestion quotidienne mais aussi depuis le mouvement puisqu’il faut maintenir la cohésion de la Marea pour poursuivre le développement de la dialectique : gouvernement/institution avec le mouvement social et la partie non institutionnelle qui constitue l’âme fondamentale de la Marea Atlantique.