Deux mois après la réalisation du Fearless Cities de Bruxelles (22-23 septembre 2018), Ghilerme Serodio, militant de WeBrussels, une des organisations organisatrices de l’évènement nous livre les premières conclusions post Fearless…
Commonspolis: De quelle façon le processus qu’a généré le Fearless Bruxelles a renforcé l’approche municipaliste en Belgique ?
Nous avons été capables de susciter beaucoup de curiosité sur le thème du municipalisme et de nous faire entendre un peu dans les élections (où WeBrussels a participé dans le cadre de PlanB). Alors que les résultats des élections n’ont pas été fantastiques (aucun membre de la liste n’a été élu), nous avons eu l’opportunité de participer à plusieurs débats, de valoriser les propositions féminines, les sujets municipalistes et de participation et de générer de l’intérêt sur la possibilité de construire quelque chose de différent.
Depuis les élections, plusieurs forces politiques récemment élues nous ont contacté et nous ont demandé de l’aide dans la conception de schémas participatifs à mettre en place à Bruxelles. WeBrussels discute actuellement en interne pour décider comment et avec qui ces aspects prendront forme dans un futur proche.
Nous avons également mis en place des relations avec les autres listes centrées sur une perspective de participation à Bruxelles (www.agora.brussels), que WeBrussels soutiendra pour les élections régionales de 2019 avec de nombreuses autres listes citoyennes en Belgique. Récemment nous avons travaillé avec une liste à Anvers sur ces sujets et sur la partie méthodologique. Une nouvelle réunion a été programmée pour le 16 décembre à Bruxelles, afin de réunir les initiatives politiques citoyennes et de co-définir les stratégies pour l’avenir.
Commonspolis: De façon pragmatique, quelles sont les principales préoccupations et propositions que vous encouragez depuis une perspective municipaliste ?
Pour le moment nous sommes dans une phase initiale, nous invitons la ville à rêver d’un nouveau type de politique. Nous essayons de démontrer qu’il existe d’autres façons de faire de la politique, et qu’il existe beaucoup de personnes prêtes à s’engager et essayer. Nous sommes également connectés avec les mouvements environnementalistes du pays, à mesure qu’avance l’urgence sur ces thèmes. Nous croyons qu’une approche systémique de décroissance est fondamentale pour s’attaquer aux problèmes d’énergie et du climat et que le municipalisme (avec ses méthodes et ses approches) est un pilier indispensable pour engager tout le monde et justifier les décisions que nous prenons en tant que société pour faire face à ces problèmes.
Au niveau méthodologique et pédagogique, selon toi quels sont les apports novateurs de ce qui a été mené à Bruxelles et pourquoi?
L’approche féministe d’ouverture et d’émancipation, la création d’espaces sûrs pour l’expérimentation et le leadership interne, ainsi que de solides méthodes décentralisées d’activation depuis la base, l’élaboration horizontale, avec des groupes de travail indépendants qui communiquent entre eux et envoient des représentants aux réunions de coordination (pour partager les prochaines étapes et besoins et se connecter avec ceux qui peuvent aider) ont été essentielles.
Nous avons privilégié une conception de quelque chose de particulièrement participatif et qui a contribué à mettre en place un évènement où les personnes ont pu réellement interagir, se sentir écoutées et contribuer activement à une expérience sociale qu’ils pourront un jour connecter à leur vie quotidienne.
A partir de l’expérience de Bruxelles, comment se dessine la stratégie des Fearless en tant qu’expression du municipalisme international ?
Les Fearless de Bruxelles, de Varsovie et de New York ont donné un nouveau souffle pour nous organiser internationalement. Des activistes et des fondations se sont manifestés depuis lors et le mouvement commence à s’unir pour organiser un grand Fearless international dans les prochains mois, ainsi que pour élaborer des structures d’appui qui puissent mener les activistes locaux à s’auto organiser et lancer un tel événement, avec tout l’appui et le réseau que nous puissions réunir.
Pendant le Fearless de Bruxelles, les villes de Barcelone, Amsterdam, Napoli, Rotterdam, Saillans, pour n’en citer que quelques unes, se sont réunies pour évoquer comment elles pourraient échelonner l’impact et la vision du municipalisme. Désormais, le mouvement croît et se lie aussi à d’autres niveaux de la politique. Par exemple, le printemps européen a fait renaître l’adhésion au municipalisme si un programme vise sérieusement à rénover la démocratie en Europe.