A la question, qu’avons nous retenu de notre participation au Fearless Cities et en quoi cela peut-il conforter le développement du projet municipaliste en Europe francophone? certains membres de la délegation nous livrent leurs contributions :
GUILLERME SERODIO:
In Barcelona, Civil Society and Citizens decided that enough was enough. Democracy was being used to maintain a pervasive status quo and was not being inclusive nor listening to the people or the street. It had to change. The solution was to refocusing efforts from lobbying to elections. The street was to remain active and as the bastion of citizen action and revindication, but power had to be taken from politicians, in order to build the civic bridges that could connect civic innovation with political decision-making. In the space of one year Civil Society Organizations sat with citizens and members of some political parties, decided how to work together for a new kind of democracy, went to the streets to design the ethics, policies and structure in which it would operate, campaigned organically and bottom-up and was able to get the most votes in the city.
ALIMA EL BAJNOUNI:
Je suis venue à Barcelone avec un double intérêt :
– celui de me nourrir d’expériences collectives autour des communs
– celui de trouver des articulations entre les dynamiques locales dans lesquelles je suis impliquée et les dynamiques internationales allant dans le même sens.
1.- Les expériences collectives autour des communs : D’où est-ce que je parle?
A Marseille je suis impliquée dans plusieurs collectifs, au titre d’un engagement tantôt personnel, tantôt professionnel mais toujours avec la même motivation : participer à la montée en puissance d’un pouvoir populaire, d’un « pouvoir de » plutôt que d’un « pouvoir sur »…autrement dit d’un pouvoir d’agir pour le bien commun…
DIDIER FRADIN:
C’était une forte sensation de se retrouver à Barcelone, et tout d’abord sur cette place, avec ces deux femmes, les maires de Barcelone et de Madrid, tranquillement assises sur deux chaises
à nous parler simplement de leurs rêves, de ce qui les meut. Et puis d’autres maires, Naples, Grenoble, Valparaíso (Chili), Berkeley (Californie), Derik (Kurdistan syrien), Saragosse, Cadix et La Corogne, ainsi que la gouverneure de la région Attique en Grèce et des conseillers municipaux de Rosario (Argentine), Vancouver (Canada), Philadelphie (États-Unis) et Belo Horizonte (Brésil)…
OLIVIER CONSOLO
– Je mesure le chemin à accomplir dans l’environnement francophone (au moins pour ce que je connais en Belgique, France et Luxembourg) avant de concrétiser une offre politique renouvelée et perenne au niveau local.
– Si dans 10 ans nous sommes prêts à peser DURABLEMENT sur des choix politiques et de politiques locales je m’en réjouirai… Ci c’est avant, ce sera le destin qui nous aura donné un petit coup de pouce car je crois que nous sommes à des années lumières de ce qu’ont vécu et vivent les espagnol(e)s depuis le mouvement des indignados en 2011 (ancré(e)s aussi dans une tradition centenaire d’auto-gestion libertaire)…
ELISE MONGE:
Je vois 2020 plutôt comme une opportunité de structuration, un « moment » de convergence de nos mouvements sur la question des listes citoyennes voire, pour aller plus loin, du municipalisme (en tant que forme d’organisation politique locale qui puise dans les théories et pratiques d’auto-gestion libertaires assembléistes, horizontales et participatives de la vie de la « cité », à la Bookchin) ; le chemin que nous allons parcourir d’ici là permettra de mettre au centre du débat les questions de droits humains, de biens communs et de démocratie, et la relocalisation de ces enjeux en les contextualisant, en les ancrant dans des luttes locales comme l’a souligné David lors d’une de nos discussions…
MAT SIMONSON:
Ce que je retire de fearless cities : Mise en perspective par rapport au contexte bruxellois : A Bruxelles, il y a énormément d « initiatives citoyennes » qui se réclament du « faire », de la « transition » et de l’action « positive », mais ne sont pas très au courant de la façon dont fonctionnent la politique locale et les rapports de force. Dans les projets d’occupation de la friche Josaphat, ça nous porte un peu préjudice ; et il y a un risque d’instrumentalisation de nos initiatives. La question que je me pose c’est : comment rapprocher les « initiatives citoyennes » de ces autres mouvements (également assez actifs) de « luttes urbaines » (qui sont dans une démarche critique, mais ne sont pas toujours très constructifs). Comment faire pour que ces deux mouvements se rencontrent et élaborent une force de proposition commune?